Les couches de l’art, c’est-à-dire sur le sens de l’existence de l’art/de la création
Intro :
La pensée rêveuse d’aujourd’hui – m’a réveillé et j’ai dû me lever et la sauver.
Hier.
J’ ai jeté dans le lecteur le CD de REM. J’écoutais et je cherchais une chanson qui m’émouvrait d’une manière ou d’une autre, pour que je puisse la chanter plus tard avec la guitare.
J’ai trouvé „Tout le monde souffre” (Everybody hurts) et „Nightswimmer”. Mais j’ai réalisé que je ne pouvais pas jouer ces chansons et les chanter… …parce que je ne les connais pas.
LES COUCHES D’ART
En poésie, il y a au moins trois couches de base. En fait, c’est différent – avec chaque art, il y a au moins trois couches de base.
La couche de surface est esthétique – c’est ce que tout le monde voit habituellement. L’effet est : avec sens. sans sens. Joli. Pas très bien. C’est choquant. Intelligent. Jolie métaphore, joli tiret et tout ça.
Vous pouvez glisser sur la surface. Il y a les arts dans l’art – arts in art – qui ont une couche supérieure exceptionnellement minimale. Ou bien elle fait peur. Ou bien elle est tellement étendue qu’il est difficile de percer plus bas. Zut mais alors!!
Et en dessous de cela, nous avons une couche qui résonne avec nous… comme elle résonne avec nous. Donc nous l’aimons, nous le comprenons, cela „click” si cela coïncide avec certains éléments de notre vie : sentiments, émotions, expériences, vécu. Cela ne demande pas beaucoup d’efforts. C’est ainsi que fonctionne le fait d’avoir des auteurs et des créateurs „favoris”.
Vous n’avez pas besoin de beaucoup réfléchir. Nous nous connaissons d’une certaine manière intuitivement. C’est pourquoi nous préférons toujours les mêmes chansons que nous connaissons depuis des années, les films et les blagues, etc.
L’effort est toujours douloureux. C’est toujours le plus facile de barboter et tripoter en soi(meme). Et non surtout pas au fond. Parce que, quand on va plus profondément encore en soi-mem, cela AUSSI fait mal et demande des efforts.
Et il y a une couche encore plus profonde. C’est de comprendre ce que le poète voulait vraiment dire ou pensait vouloir dire. Cela certainement existe. Cette couche. Bien sûr, c’est ridiculisé, disgracié. J’y reviendrai dans un instant.
Pour le comprendre, c’est-à-dire la poésie pour elle-même, un texte donné pour lui-même, et non pour nous sur nous; une œuvre donnée pour elle-même, il faut travailler dur.
Tout d’abord, il n’est plus possible de séparer l’œuvre de l’auteur à ce niveau. Malheureusement. Pour bon ou mauvais.
Mais cela ne signifie toujours pas qu’il faut juger. Vous ne pouvez pas juger parce qu’ il sera difficile d’exister pour vous à ce niveau plus profond. Évaluer/juger, c’est de NOUS remettre dans ce processus, tandit que ce processus n’a pas besoin de NOUS. Parce que c’est un niveau tel que l’amitié – ou nous nous ouvrons à l’autre. Cette étape où il/l’autre personne parle et nous, on écoute.
Cela prend du temps.
Et c’est pourquoi je ne dis jamais ce que j’aime ou n’aime pas, ou quels sont mes artistes préférés.
Je ne lis pas beaucoup du tout, maintenant. Voilà.
Parce que je ne veux pas lire uniquement sur les deux premiers niveaux. Cela ne m’interesse pas depuis longtemps.
Donc, pour être cool sur cette couche plus profonde, vous devez connaître cet homme, cet artiste, vraiment bien, et ce qu’il nous dit. Connaître beaucoup de ses paroles, et surtout, par exemple, toutes les chansons d’un album donné, c’est l’étape de sa vie. Ou tout le volume. Toute la biographie ou du moins de A à B, c’est-à-dire une étape donnée de la vie. Opinions politiques, opinions sociales, déclarations, interviews. Ce qu’il dit des autres. Quel style de langage, quelles métaphores, quel contexte culturel. Quelle langue il parle, si différente de la nôtre, alors c’est encore une autre complication.
Et puis – PLUS – quelle famille, quelles expériences traumatisantes, comment il a réagi, avec quoi il était malade, quelle fille l’a „laissé partir dans ses chaussettes,” et pourquoi…
Il faudrait connaître aussi d’autres textes, par exemple des lettres, des articles, des actions, activites partagés avec d’autres auteurs. Et il est préférable de le voir aussi en action. C’est-à-dire : image, physionomie, action sur scène, comportement au travail …
S’il a un couple, une petite-amie et que ce couple est artistique, prenons Rodin et Camille, meme si vous ne voulez pas le faire, vous devez le faire deux fois, pour elle et pour lui.
Et puis nous revenons au texte donné et nous „comprenons” sans effort ces métaphores. Nous connectons les points. Nous savons ce que cet homme nous dit. Et même, peut-etre, pourquoi.
Un artiste est une créature si étrange.
C’est comme s’il était bipolaire ou qu’il avait un ego partagé. C’est sa tâche de la vie, la mission de se produire soi-même à l’extérieur, de vomir, de cracher, de jeter sa créature aux gens et de marquer une trace.
Probablement pour changer ce foutu monde d’une manière ou d’une autre, parce qu’il vachement est difficile de changer – ce monde.
Et lorsqu’un artiste est visionnaire, il a definitivement manqué à une époque, et il vomit lourdement en vain depuis longtemps. Probablement toute sa vie foutue. Mais c’est ainsi qu’il l’a choisi. Un contrat avec Dieu. Puis il va sauter quelques étapes plus haut, spirituellement, peut-etre.
Et il doit y avoir beaucoup de limaces d’artistes.
Nous avons eu une pénurie ces derniers temps, car le „disco polo” (phénomène musical polonais), ainsi que la coupure avec la tradition et l’abstraction (mouvement abstrait ) dans la musique, la peinture…
Un tel escargot – il sort de sa coquille, et dès que vous respirez trop fort au-dessus de lui pour voir comment il a les yeux fixés là – il disparaît.
Il apparaît et disparaît.
Il apparaît et disparaît.
Mais à chaque fois qu’il disparaît, ce vomi reste.
Une trace est laissée.
Et tu fais ce que tu veux.
Il vaut mieux réfléchir à son utilité.
De toute façon, tout artiste pour la santé mentale doit faire des „coming-out-s” et des „in-s”.
Il doit se cacher périodiquement, car ses limites sont toujours très floues. C’est un grand exhibitionnisme qui, s’il devient soudainement trop grand pour lui, il le transforme en moine. Les Anglais disent „ghosting you”. Il devient moine, cet artiste. Il s’en va. Il disparaît. Il se coupe du monde.
Parfois, il devient littéralement un moine – pour un temps – regardez la biographie de Cohen.
Bien sûr, la coquille est aussi un anesthésique.
Il y en a beaucoup. L’alcool et plus encore.
Et maintenant, le phénomène de la tendance musicale polonaise „disco polo”. Ce phénomène n’a tout simplement pas cette couche profonde. Le troisième. Il est de peu d’utilité pour le monde. Il n’est pas vivant et il ne nous change pas.
Cela ne demande pas d’effort.
Il ne s’agit pas seulement de la ligne mélodique, mais cela aussi…
Ce (disco polo) est issu du folklore, du folk. Ces paroles semblent simples avec des couleurs sexuelles et corporelles-symboliques fortes. Mais le vrai folklore a sa référence archétypique.
„Mûre rouge, collier de coraux” … etc.
Il a un emplacement spécifique dans une culture particulière, et un établissement spécifique dans le mythe, l’archétype. Il (le folklore) a donc cette couche simplement, immanquablement, en lui-même, commun à des nations entières, sans lien avec un artiste individuel.
Et si un artiste individuel prend un morceau d’un tel texte, il le sort de son contexte et chante en quelque sorte pour lui-même – pas au violon, pas en costume traditionnel, pas dans le contexte d’un rituel traditionnel ou d’une fête – c’est du disco polo.
–
C’est-à-dire
le destinataire de la musique disco – polo pensera :
– Je sens que je comprends, parce que c’est d’une communauté de personnes, mais en même temps je ne ressens pas le lien, et je ne sens pas que cela me change et me transforme dans un rituel donné.
(Parce qu’il manque le rituel et le contexte.
Quelqu’un a changé quelque chose
Merde).
Mais alors ?
Cool
la laa lala bum bum
Oh… quel est le rapport avec le groupe REM, qui était une excuse pour cet article ?
Je les ai rencontrés il y a des années en France par un ami ou plus – petit ami.
Mais ce n’était pas le moment d’entrer profondement dans le REM, (leur musique) donc je ne les comprenais pas. Et maintenant, je vais peut-être commencer à comprendre si je vais procéder comme je l’ai décrit ci-dessus. S’il y aura du temps, car il faut beaucoup de temps pour s’occuper de l’art.
Et j’ai ma propre démarche artistique en cours.
Et ces choses sont un peu impossible a joindre, c’est exclusif on peut dire.
C’est pourquoi je m’adresse généralement aux auteurs que je connais bien, parce que j’ai „retravaillé” avant.
Cohen
Alanis Morisette
la poesie chantée polonaise
et bien plus
J’ai des centaines, voire des milliers de livres sur les étagères. J’ai des centaines de disques et des centaines de cassettes. J’ai des tonnes d’art à la maison, mais je n’en connais pas la plupart.
Je dis depuis un certain temps que je ne sais pas.
Je peux le dire parce que j’avais honte avant.
Parce que notre monde politiquement correct nous rend honteux du fait que quelqu’un n’a pas saisi quelque chose parce qu’il s’attend à le saisir sur les deux premières couches.
Sauf que…
Ce n’est pas tout. PAS tout.
La vieille école sait parfaitement que ce n’est pas ça. Les bons artistes ne lisent pas des centaines de livres et ne regardent pas des centaines de films. Plus vous vieillissez, plus vous faites VOS TRUCS, VOTRE ART moins vous enlevez aux autres, de toute façon.
Parfois, c’est aussi de la co-réception, alors ils font des films communs, des chansons communes, etc.
Cela enrichit également.
Il faut manger quelque chose.
Un artiste doit surtout manger beaucoup. Doit „bouffer”.
Qu’est-ce que nous avons maintenant ? Une pandémie.
Il en va de même pour les crises et les changements politiques dans une certaine direction.
Qu’est-ce qui a le plus souffert de ces choses et de ces accords ?
Bon, moi , je pense que l’art
ART
…
Celui avec un grand A
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copyright@joanna chołuj
lien vers le film Nightswimmer REM